Rencontre avec Laurent Lenfant, Directeur de l’Établissement Train Jaune, à la gare de Villefranche-de-Conflent/Vernet-les-bains.

La Révision Générale (RG) concerne le matériel roulant du parc historique et est programmée sur une durée de 3 ans. Les précédentes révisions générales ont été réalisées dans les années 60 puis 80. Elle aurait en principe dû, avoir lieu avant mais les incertitudes sur l’avenir de la ligne l’ont repoussée. Des opérations de maintenance ponctuelles ont permis de maintenir l’exploitation du matériel roulant durant ces dernières années.

Cette révision générale, financée entièrement par le Région à hauteur 20 millions d’euros, permettra donc le maintient de l’exploitation du Train Jaune dans des conditions de sécurité et de confort améliorées, prolongeant ainsi sa durée de vie.

Identifié dès 2016 comme ligne prioritaire à la suite des Etats Généraux du Rail et de l’Intermodalité (EGRIM), le Train Jaune bénéficie d’un fort soutien de la Région. Afin de permettre aux habitants et aux touristes de découvrir les paysages pyrénéens en train, a investi 32,5 millions d’euros dans les infrastructures, dont le renouvellement des sous-stations d’alimentation électrique, et 30,4 millions d’euros pour le matériel avec, notamment, 18 millions d’euros engagés en 2022 pour une première tranche de révision générale du matériel historique et 4,7 millions d’euros pour le nouvel atelier de Villefranche-de-Conflent. Ces travaux de modernisation du Train Jaune sont également inscrits dans le plan Rail qui mobilise 800 M€ sur 10 ans pour améliorer les performances du réseau ferriviaire en Occitanie.

© PNRPC

Un nouvel atelier pour la révision générale

12 mois de travaux ont permis d’édifier le nouvel atelier de 480 m², spécifiquement pour l’occasion sur le site de Villefranche. Outre la révision générale actuelle, il continuera d’être utilisé par la suite pour assurer des travaux de maintenance conséquents. Le bâtiment historique de Villefranche n’était pas totalement adapté pour des opérations de cette envergure… Néanmoins, certaines pièces continueront d’être révisées/fabriquées sur d’autre sites, comme par exemple les moteurs de traction envoyées en révision sur le site du technicentre industriel de Lyon. 

Des hommes et un train, une équipe renforcée

L’équipe de maintenance comptait 10 personnes avant 2017, puis est passée à 20. La période de révision générale s’ouvrant a permis le recrutement de 12 personnes pour une durée de 3 ans. Ces emplois font partis du projet et sont donc également financés par la Région. L’Établissement Train Jaune a recruté 7 personnes via une entreprise spécialisée, qui sont formées et encadrés par les électriciens permanents qui ont une connaissance approfondie du Train Jaune.

Dans le souci de valoriser l’emploi local, 5 autres ont été recrutées localement pour la réalisation de travaux de peinture et d’aménagements intérieurs, sans spécialité, avec un contrat de 3 ans, via l’intérim.© PNRPC

Rappelons que la ligne compte 27 véhicules en tout, dont 13 automotrices

Dans 1 automotrice, il y a 3500 m de câbles électriques, pour alimenter tous les appareillages basses et hautes tensions, comme les moteurs, le chauffage, l’éclairage… qui passent notamment sous le plancher du véhicule.

La Révision Générale, en détails :

  • Réfection des compresseurs.
  • Remplacement des essieux des véhicules moteurs par des neufs.
  • Dans le nouveau bâtiment : mise à nu des véhicules / Nettoyage / Peinture pelliculage.
  • Dans la partie historique : mises en peinture de certaines pièces et remontage des pièces.
© PNRPC

Une chaine de montage s’étend sur les deux bâtiments (historique et nouveau), permettant de couvrir à Villefranche ce « toilettage en profondeur ».

Toutes les pièces démontées doivent être numérotées.© PNRPC

On ne peut pas industrialiser le Train Jaune puisqu’aucune pièce n’est standardisée. Chaque pièce a été conçue de façon artisanale ; chacune a sa place, son sens, son emplacement. Cela génère un travail important de logistique pour gérer les flux de stockage des pièces. Pour y palier, la SNCF a financé la construction d’une halle de stockage.

Une modernisation qui préserve l’esprit Train Jaune

La Révision générale intègre des travaux de sécurisation et de modernisation avec le passage en LED des néons de l’éclairage intérieurs des compartiments voyageurs et des fanals (feux de signalisation d’extrémité du véhicule), l’insertion de prises USB et d’un système d’information voyageurs. Aussi, il y a des pièces que l’on ne sait plus faire aujourd’hui. La démarche est d’adapter afin de pouvoir remplacer dans le temps, mais sans dénaturer le Train Jaune et ses spécificités, afin de pallier l’obsolescence des pièces.

Circulation / Sécurité de la ligne

Actuellement le Train Jaune circule à une cadence 6 à 8 circulations par jour en hiver selon les jours et les périodes de vacances scolaires. L’été, on en compte 10 tous les jours. L’un des objectifs serait de doubler le nombre de circulations. La sécurité repose sur les hommes, notamment le chef de ligne et les conducteurs. Sur la ligne du Train Jaune, il n’y a pas de système technique d’interface entre l’homme et la voie ferrée pour palier à l’erreur humaine. En limitant le nombre de train, on limite les risques (accrus lors des croisements). Aujourd’hui le train circule en toute sécurité grâce à des opérateurs spécifiquement formés et appliquant de manière rigoureuse les procédures de sécurité.

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La SNCF lance auprès d’un prestataire externe une démarche d’étude pour élaborer un nouveau système de sécurité adapté au Train Jaune avec le souci de maitriser les coûts. Augmenter le parc des véhicules serait alors nécessaire avec la construction de nouvelles rames pour assurer un tel plan de transport, offrant, à terme, une capacité de circulation bien supérieure. Un cahier des charges est en cours de rédaction, avec l’intégration du futur dispositif de sécurité à concevoir.

En attendant, dès 2024, il y a une volonté de passer à 12 circulations l’été au lieu de 10 actuellement. L’organisme national (EPSF) qui a autorité en matière de sécurité ferroviaire, a limité en 2012 à 10 les circulations pour des raisons de respect de normes de sécurité, l’objectif étant de limiter fortement les risques potentiels pouvant conduire à des incidents. Ainsi, cet hiver, SNCF Réseau va tester la géolocalisation des postes radio. Il s’agit de donner un outil supplémentaire au chef de ligne pour augmenter le niveau de sécurité.  Le STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés) qui est la nouvelle autorité sécurité de contrôle des activités ferroviaires des chemins de fer secondaires comme la ligne du train Jaune, devra obligatoirement valider la proposition d’augmenter la circulation avec ce nouveau dispositif.

L’histoire du Train Jaune ne s’arrête pas. On voit la volonté du décideur payeur, La Région Occitanie, de s’engager sur le long terme en donnant les moyens du développement de la ligne.