Avec ce nouveau rendez-vous mettant en lumière la collection « Les carnets du Train Jaune », le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes vous propose une  rétrospective, un voyage dans le temps au travers de la construction de  la ligne du Train Jaune et de son histoire. Cette collection est le  fruit d’une collaboration entre le Parc naturel régional des Pyrénées  catalanes et les historiens Pierre Cazenove et Jean-Louis Blanchon, en coédition avec les éditions Talaïa.

Dans cette troisième partie, après la première portion (Villefranche-de-Conflent Mont-Louis), l’ouverture de la seconde partie de la ligne du Train Jaune.

L’ouverture de la ligne Partie 2 – Mont-Louis / Bourg-Madame

Tandis que certains commencent à s’initier aux joies de la locomotion ferroviaire, d’autres surveillent avec intérêt les travaux entre Mont-Louis et Bourg-Madame. En août 1910, le ballastage est terminé entre Mont-Louis et Err, entre Bourg-Madame et Osséja. La ligne terminée en mars 1911, supporte en mai des trains d’essais réguliers de deux automotrices.

Le 20 mai 1911, Jules Lax et les hauts fonctionnaires des Travaux publics et de la Compagnie du Midi reconnaissent officiellement la ligne de Mont-Louis à Bourg-Madame.

Parti de Perpignan à 5h16, le train, piloté par Lhériaud, arrive à Mont-Louis à 9h après s’être immobilisé quelques instants sur le pont Gisclard.

Affiche – Fêtes d’Inauguration de la Ligne de Cerdagne © Coll. Pierre Cazenove

A Bourg-Madame, à 11h30, alors que le train vient de s’arrêter dans chaque gare, acclamé par la foule, Emmanuel Brousse présente aux personnalités, le maire de Bourg-Madame, Bonaventure Cot, et son conseil municipal : (…) Lorsque ma pensée se reporte 50 ans en arrière, dit le maire, je suis ébloui par les transformations qu’a subies ma petite patrie. Les sentiers rocailleux impraticables ont fait place à de belles routes desservant les plus petites localités. Et cette œuvre a pour couronnement cette admirable et merveilleuse ligne ferrée que vous avez jetée à travers nos montagnes et à laquelle nous applaudissons avec tous nos sentiments de haute reconnaissance. » Il souhaite ensuite que Bourg-Madame soit la gare internationale selon le décret de concession de la ligne du Transpyrénéen : « Et alors ma commune ne serait plus Bourg-Madame ; elle deviendrait Ville-Madame-Lax ou bien Ville-Lax-Madame. Vive Monsieur Lax ! Vive la République !

Après un banquet dans le hall de la gare, le groupe se rend en Espagne. Sur le pont, une cobla, louée par le pharmacien de Puigcerdà, Marty, joue La Marseillaise. Emmanuel Brousse prononce un discours en catalan, Marty en castillan ; Baillet, secrétaire de la Comédie française, déclame des poésies au Casino ceretano.

Bourg-Madame est le terminus de la ligne de 1911 à 1927. Elle fut un moment pressentie pour jouer un rôle international que lui ravira finalement la gare de Latour-de-Carol / Enveitg. En attendant la jonction avec le réseau ferré espagnol et le Transpyrénéen, les transporteurs locaux profitent de ce répit. © Coll. François Weinberg

Cela devient une habitude ; des éboulements à Fontpédrouse retardent l’inauguration de Mont-Louis / Bourg-Madame. Le 16 juin, des trains supplémentaires débarrassent les gares des colis qui s’accumulent depuis quinze jours.

Enfin, le 18 juin 1911, les voyageurs peuvent circuler de Perpignan à Bourg-Madame : « Voici Bolquère, voici Saillagouse, Err, Sainte-Léocadie, Osséja. Sur les quais des gares, les populations sont massées, attentives et curieuses, comme recueillies, et, dans les champs, tandis que le petit train glisse et serpente, jaune sur le tapis vert des prairies, les paysans restent la bêche en l’air, surpris par la nouveauté de cette chose dont on leur a tant parlé et que, grâce à Emmanuel Brousse, ils ont obtenue : le chemin de fer. En voici un qui, gravement, nous salue de sa large faux tenue au port d’armes ; et plus loin, voici deux femmes qui, courbées dans je ne sais quelles pommes de terre ou betteraves, se redressent au bruit du sifflet et se mettent à applaudir avec ardeur. Les voyageurs, pour les remercier, agitent leurs chapeaux.

Pour s’assurer du fonctionnement parfait, Monsieur Moffre, directeur de la compagnie du Midi, avait tenu à assister lui-même à cette journée d’inauguration matérielle puisqu’aussi bien l’inauguration officielle n’aura lieu que plus tard. » (L’Indépendant)

Emmanuel Brousse n’est pas là.

 Extrait du livre

Les Carnets du Train Jaune

Tome 1 – Quand naissait le Train Jaune

Auteurs : Jean-Louis Blanchon – Pierre Cazenove

Parc naturel régional des Pyrénées-catalanes / Éditions Talaia

Juin 2012

Collection complète en consultation et / ou en vente à la Maison du Parc naturel régional des Pyrénées-catalanes, à Olette (66210, La Bastide).